Pourquoi la BNS maintient-elle son taux directeur à 0,00%?
En Suisse, l’inflation se trouve depuis des mois déjà dans l’extrémité basse de la fourchette de la BNS, qui oscille entre 0 et 2%. Dernièrement, le renchérissement était de 0,1%.
Une chose est sûre: «Tant que le risque de déflation durable ne plane pas sur le marché suisse, l’institut d’émission suisse n’est pas contrainte d’intervenir. Le niveau actuel va dans le sens de son objectif consistant à veiller à la stabilité des prix», déclare Thomas Fischer.
Les taux négatifs: un instrument, une exception
Martin Schlegel, président de la BNS, avait répété à plusieurs reprises que les conditions nécessaires au retour des taux négatifs n’étaient de loin pas réunies. Thomas Fischer partage cet avis: «Outre les effets connus et consécutifs à des taux négatifs, un passage sous le seuil de 0% pourrait favoriser la formation d’une bulle immobilière. Cette barrière rend, elle aussi, un retour aux taux négatifs très difficile.» La décision de la BNS confirme cette hypothèse. Le gendarme monétaire suisse préfère la stabilité à un nouveau desserrement.
Une situation économique stable
La conjoncture faiblit, en raison notamment des droits de douane américains sur les exportations suisses. L’économie suisse se montre robuste tout comme le marché du travail.
«Les allégements opérés jusqu’ici portent leurs fruits», explique Thomas Fischer. «Les conditions de financement s’en sont trouvées assouplies. Abaisser une fois encore le taux directeur serait actuellement injustifié, voire même contreproductif.»
De plus, le rapport franc suisse et euro est stable. Même si un taux de change élevé pèse sur les prix à l’importation et, par conséquent, sur l’inflation, le CIO de la BCBE estime qu’il n’y a pour l’heure pas de danger imminent et donc pas d’urgence pour la BNS à intervenir sur les marchés.
Risque de déflation, mais pas déterminant pour les marchés
«Il faut garder un œil sur le niveau de l’inflation, car si elle est trop basse, cela constitue un risque», met en garde Thomas Fischer. «Un changement de cap de la politique monétaire de la BNS ne serait envisageable que si les prévisions conjoncturelles venaient à s’assombrir nettement et que le franc s’appréciait fortement à court terme. Un tel scénario semble peu plausible à l’heure actuelle.»
Le maintien du taux directeur est donc justifié et un indicateur de la direction de la politique monétaire de la BNS.