Planification successorale

Succession: contrat de mariage, testament ou pacte successoral?

En Suisse, vous disposez de trois outils principaux pour régler votre succession: le contrat de mariage, le testament et le pacte successoral.

Le contrat de mariage régit le régime matrimonial (participation aux acquêts, communauté de biens ou séparation de biens) et précise comment la fortune du couple sera répartie entre les époux en cas de décès ou de divorce.

Le testament et/ou le pacte successoral vous permettent de déterminer librement la répartition de votre patrimoine après votre décès. À la différence du contrat de mariage, ces documents relèvent du droit des successions.

À vous de choisir le ou les documents adapté(s) à votre situation personnelle, à votre structure familiale et à vos souhaits.

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En cas de décès, qu’advient-il de ma fortune si rien n’a été prévu?

En l’absence de dispositions particulières, la fortune est répartie conformément à la loi en vigueur au moment du décès:

  • pour les personnes mariées, le régime matrimonial détermine la part de fortune qui entre dans la succession (c’est ce qu’on appelle la «masse successorale») et celle qui revient directement à la conjointe survivante ou au conjoint survivant;
  • le droit des successions détermine comment la succession est répartie entre les héritières et les héritiers légaux.

 

Droits découlant du régime matrimonial

En l’absence d’un contrat de mariage, le régime de la participation aux acquêts s’applique par défaut en Suisse. Chacun des conjoints a des biens propres, qu’il apporte lors du mariage. Viennent ensuite les acquêts, c’est-à-dire les biens que le couple a acquis durant le mariage, par exemple les salaires des deux conjoints.

En cas de décès de l’un des conjoints, le conjoint survivant reçoit ses biens propres et la moitié des acquêts, conformément au régime matrimonial. Les biens propres du conjoint défunt et sa part aux acquêts entrent dans sa succession. Celle-ci est ensuite répartie entre les héritières et les héritiers, en accord avec le droit successoral.

Exemple: Sonia et Pierre sont mariés et n’ont pas de contrat de mariage. La fortune du couple se compose de la manière suivante: 

Bien immobilier
Liquidités
CHF 500 000
CHF 500 000
Total
  • dont biens propres de Sonia
  • dont biens propres de Pierre
  • dont acquêts
CHF 1 million

CHF 100 000
CHF 400 000
CHF 500 000

Si Pierre décède, Sonia peut faire valoir les droits suivants au titre du régime matrimonial:

Biens propres
Part aux acquêts
CHF 100 000
CHF 250 000 (= 50 % de 500 000)
Total des droits de Sonia au titre du régime matrimonial CHF 350 000

La succession de Pierre comprend ses biens propres, 400 000 francs, et la moitié des acquêts, 250 000 francs. Le total de la masse successorale s’élève donc à 650 000 francs.

Droits successoraux

S’il n’existe aucune disposition successorale particulière, par exemple un testament ou un pacte successoral, c’est la succession légale qui détermine qui hérite et dans quelle proportion. Cette répartition dépend de la situation familiale et de l’état civil de la personne décédée.

Pour les personnes mariées, les héritières et les héritiers légaux sont la conjointe survivante ou le conjoint survivant et les descendants directs (les enfants, p. ex.). Chacune de ces deux parties a droit à la moitié de la succession.

Remarque importante: les concubins et les beaux-enfants n’ont aucun droit légal à la succession. Sans disposition spécifique, ils ne sont donc pas pris en compte dans le partage de l’héritage.

Exemple: Sonia et Pierre ont deux enfants, Monica et Luca. Si Pierre décède, sa succession sera répartie entre les héritières et les héritiers de la manière suivante: 

Succession de Pierre
Droit successoral de Sonia
Droit successoral des enfants
  • pour Monica
  • pour Luca
CHF 650 000
CHF 325 000 (= 50 % de 650 000)
CHF 325 000 (= 50 % de 650 000)

CHF 162 500 (= 50 % de 325 000)
CHF 162 500 (= 50 % de 325 000)  

Répartition totale de la fortune du couple (1 million de francs) en accord avec les règles du régime matrimonial et du droit des successions:

Sonia CHF 675 000 (350 000 au titre du régime matrimonial et 325 000 au titre du droit des successions)
Monica CHF 162 500 
Luca CHF 162 500

Dans quels cas la loi ne suffit-elle pas pour régler la succession?

La succession légale ne couvre pas tous les cas et elle ne tient pas compte des besoins individuels dans de nombreuses situations. Quelques exemples typiques:

  • Concubinage: la ou le partenaire de vie n’a aucun droit successoral légal. Sans disposition particulière, l’ensemble de la succession revient aux membres de la famille.
  • Famille recomposée: les beaux-enfants ne sont pas pris en compte dans le droit successoral. Même après de nombreuses années de vie commune et en présence de liens étroits, ils ne bénéficient d’aucun droit en l’absence de disposition formelle.
  • Bien immobilier: en l’absence de dispositions claires, la partenaire survivante ou le partenaire survivant pourrait être dans l’obligation de vendre le bien immobilier pour verser la part d’héritage qui revient aux autres ayants droit, par exemple.
  • Propre entreprise: l’absence de planification successorale peut mettre en péril la transmission de l’entreprise et menacer sa pérennité.
  • Désirs personnels: si l’on souhaite transmettre tout ou partie de sa fortune à d’autres personnes que les héritières et les héritiers légaux (filleuls, associations caritatives, membres précis de la famille, p. ex.), il est nécessaire de le formuler explicitement.

Calculez la répartition légale de votre succession

Grâce au calculateur de partage de la succession de la BCBE, estimez en quelques clics comment votre patrimoine serait actuellement partagée en l’absence de dispositions particulières. Vous aurez aussi une idée de la réserve héréditaire et de la quotité disponible à répartir librement par testament.

 

Si la perspective d’une succession légale ne vous satisfait pas, nous vous conseillons d’anticiper le règlement de votre succession au moyen d’un contrat de mariage, d’un testament ou d’un pacte successoral. Vous aurez ainsi l’assurance que vos dernières volontés seront respectées et que vos proches seront protégés au mieux.

Que choisir: contrat de mariage, testament ou pacte successoral?

Le contrat de mariage: un impact direct sur la masse successorale

Le contrat de mariage n’est pas un «document successoral» à proprement parler, mais il joue un rôle central dans la planification de la succession. Il régit en effet le régime matrimonial des époux, avec un impact direct sur le montant de la masse successorale lors du décès. Sans contrat, c’est le régime de la participation aux acquêts qui s’applique: la fortune constituée pendant le mariage est partagée en deux.

Par contrat de mariage, vous pouvez modifier ce régime ou en choisir un autre, par exemple:

  • opter pour le régime de la séparation des biens, de manière à conserver la propriété de vos biens;
  • attribuer à votre conjointe ou à votre conjoint l’ensemble des biens acquis durant le mariage, comme les économies issues des revenus, qui seraient sinon divisés en deux.

Pour rappel: le contrat de mariage ne permet pas de désigner des héritières et des héritiers, mais il détermine ce qui revient directement à la conjointe survivante ou au conjoint survivant lors du décès et ce qui entre dans la succession à partager.

Le testament: rapide et flexible, mais unilatéral

Dans un testament, vous pouvez décider à qui léguer la part librement disponible de votre succession, c’est-à-dire la part de votre fortune qui n’entre pas dans la réserve héréditaire («quotité disponible»).

Vous pouvez rédiger vous-même votre testament: s’il est écrit à la main, daté et signé, il est juridiquement valable. Une authentification notariale est possible, mais pas obligatoire. Il peut être modifié ou révoqué à tout moment, et sans le consentement de tiers.

Exemple: des concubins sans enfant souhaitent se protéger mutuellement. Depuis la révision du droit des successions, en 2023, les parents et les frères et sœurs ne bénéficient plus de la réserve héréditaire. Un testament permet donc de léguer la totalité du patrimoine à la ou au partenaire.

Le pacte successoral: contraignant et modifiable uniquement avec l’accord de toutes les parties

Un pacte successoral est un contrat écrit conclu avec les héritières et les héritiers futurs et doit être authentifié par une ou un notaire. À la différence du testament, il ne peut être modifié ou annulé qu’avec l’accord de toutes les parties.

Ce document est particulièrement adapté lorsque:

  • il prévoir une dérogation à la réserve héréditaire (si les enfants renoncent à leur part en faveur du parent survivant, p. ex.);
  • l’on souhaite avantager certaines héritières ou certains héritiers (si les enfants doivent recevoir plus que la conjointe ou le conjoint, p. ex.);
  • des renonciations à la succession sont prévues (en échange de donations de son vivant, p. ex.);
  • des accords explicites doivent être convenus entre des membres de la famille (pour que l’entreprise familiale revienne à la fille et que le fils reçoive une compensation sous une autre forme, p. ex.).

Quelle type de planification successorale me convient le mieux?

La solution la mieux adaptée à votre cas dépend de la complexité de votre succession, des personnes concernées et du contrôle ou de la flexibilité recherchés.

  • Contrat de mariage: c’est le document dont vous avez besoin si vous souhaitez définir vous-même votre régime matrimonial, par exemple pour protéger votre conjointe ou votre conjoint, si vous avez un bien immobilier ou dans le cas d’une famille recomposée.
  • Testament: c’est le document idéal pour prendre des dispositions unilatérales et simples, ne nécessitant pas d’accord avec d’autres personnes, par exemple pour léguer la quotité disponible à des proches ou à des organisations caritatives.
  • Pacte successoral: c’est le document qui vous permettra de conclure des accords contraignants dérogeant à la succession légale, par exemple une renonciation à la succession ou une dérogation à la réserve héréditaire.

Dans de nombreux cas, il peut être judicieux de combiner plusieurs documents, par exemple un contrat de mariage pour répartir la fortune matrimoniale entre la conjointe survivante ou le conjoint survivant et la masse successorale, et un testament pour préciser la répartition de la masse successorale. 

Règlement
Situation Caractéristiques
Contrat de mariage Pour déterminer soi-même son régime matrimonial Influence sur la masse successorale, mais pas sur les héritières et les héritiers
Testament Pour des dispositions simples et unilatérales  Modifiable à tout moment, pas besoin d’une étude de notaire 
Pacte successoral Pour des accords contraignants avec les héritières et les héritiers, notamment en cas de dérogation à la loi Modifiable uniquement avec l’accord de toutes les parties, besoin d’une étude de notaire
Combinaison Pour régir à la fois le régime matrimonial (contrat de mariage) et la répartition successorale (droit des successions) Définition sur plusieurs plans de la répartition de la fortune après le décès

 

Nos prestations dans les domaines du droit matrimonial et du droit des successions

Dans le cadre de la planification successorale, nous analysons avec vous votre situation familiale et votre situation patrimoniale. Nous vous montrons comment clarifier la succession pour vos proches et formuler vos dernières volontés dans un contrat de mariage, un testament ou un pacte successoral.

Propriété Description
Étendue des prestations
  • Conseils personnalisés en matière de droit matrimonial et de droit successoral
  • Vérification ou établissement de testaments, de contrats de mariage, de pactes successoraux, de pactes de renonciation à la succession
  • Rédaction de contrats de concubinage, de contrats de donation, de contrats de prêt
  • Préparation et coordination de la procédure d’authentification auprès d’une ou d’un notaire
Propriété Description
Différenciation entre les biens et la fortune de l’entreprise et des biens et de la fortune privés

Évaluation des répercussions sur votre entreprise, en distinguant patrimoine personnel et patrimoine de l’entreprise.

Propriété Description
Tarif horaire

CHF 250.00 l’heure (TVA en sus); devis sur demande

Les frais d’authentification sont facturés séparément.

Propriété Description
Veillez particulièrement aux informations suivantes

Nos spécialistes établissent pour vous les documents nécessaires dans les domaines du régime matrimonial et du droit des successions, sur la base des informations que vous nous fournissez et des dispositions du droit suisse en vigueur à cette date.

Nous vous recommandons de vérifier régulièrement que vos documents successoraux sont à jour, en particulier si votre situation de vie, vos souhaits ou vos besoins changent.

Foire aux questions (FAQ)

Tous les documents doivent-ils être notariés?

Non, pas toujours. Vous pouvez rédiger votre testament vous-même: il doit être entièrement écrit, daté et signé de votre main. Si ces conditions formelles sont respectées, il n’est pas nécessaire de le faire authentifier par une ou un notaire.

Par contre, les contrats de mariage et les pactes successoraux doivent être notariés pour être juridiquement valables.

Qu’advient-il d’un contrat de mariage, d’un testament ou d’un pacte successoral en cas de séparation ou de divorce?

Les contrats de mariage et les pactes successoraux doivent être impérativement revus en cas de séparation ou de divorce. Selon leur contenu, ils peuvent perdre leur validité ou nécessiter des adaptations, notamment s’ils intègrent des clauses avantageant l’ex-conjointe ou l’ex-conjoint.

En revanche, un testament reste en principe valable jusqu’à ce qu’il soit révoqué ou modifié. Il importe donc de le revoir attentivement après une séparation et d’en rédiger un nouveau si nécessaire.

Notre conseil: si votre situation personnelle évolue, pensez à mettre à jour vos documents successoraux.

Succession légale: qui hérite en l’absence de dispositions particulières?

Si vous ne laissez aucune disposition particulière, votre succession sera réglée conformément à l'ordre successoral prévu par la loi. Celle-ci définit avec précision qui hérite dans chaque cas:

  1. Ce sont, en premier lieu, la conjointe survivante ou le conjoint survivant et la descendance directe (les enfants, p. ex.).
  2. En l’absence de conjointe survivante, de conjoint survivant ou d’enfant, la succession revient aux parents.
  3. Si les parents sont décédés, les frères et sœurs ou leurs descendantes et leurs descendants se partagent l’héritage.
  4. S’il n’y a plus de parents proches, l’héritage revient aux membres plus éloignés de la famille (tantes ou oncles, cousins ou cousines, etc.).
  5. En l’absence de toute personne en droit de toucher l’héritage, même dans la lignée des grands-parents, c’est la collectivité publique (canton et commune) qui devient l’ayant droit.
Règlement de la succession en Suisse: qui est protégé par la loi en matière de réserve héréditaire?

La conjointe survivante ou le conjoint survivant et la descendance directe (les enfants, p. ex.) ont droit à une réserve héréditaire. Cette dernière leur garantit une part minimale de l’héritage.

Depuis la révision du droit des successions, en 2023, les règles sont les suivantes:

  • La conjointe survivante ou le conjoint survivant et les enfants (ou leurs descendantes et descendants directs): la réserve héréditaire s’élève à 50 % du droit de succession légal.
  • Les parents ne bénéficient plus de la réserve héréditaire; ils peuvent donc être exclus entièrement de la succession.

Utilisez notre calculateur de partage de la succession pour connaître la répartition légale dans votre cas.

Qu’est-ce qu’une renonciation à la réserve héréditaire et quand est-elle utile?

La renonciation à la réserve héréditaire est un accord volontaire par lequel une personne protégée par la réserve héréditaire, par exemple un enfant, déclare par écrit qu’elle renonce à son droit à cette réserve. L’accord intervient dans le cadre d’un pacte successoral notarié et n’est valable qu’avec le consentement des deux parties.

Situations typiques:

  • Avance d’héritage (ou avancement d’hoirie): une personne reçoit un bien immobilier ou une donation importante du vivant de la donatrice ou du donateur, et renonce en contrepartie à sa réserve héréditaire lors de la succession.
  • Protection de la conjointe survivante ou du conjoint survivant: les enfants peuvent renoncer à leur réserve par pacte successoral en faveur du parent survivant, afin de garantir sa sécurité financière.

Important: la renonciation à la réserve héréditaire n’est valable que si elle est formalisée dans un pacte successoral notarié.

«Nous sommes à vos côtés pour régler votre succession»

Thomas Bader, conseiller en succession

Nous vous aidons à planifier votre succession. Pour que tout soit clair et que vos volontés soient respectées.

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