Baromètre bernois des PME

Les PME bernoises pâtissent de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de la pression financière

Les PME sont le moteur et l’épine dorsale de l’économie suisse. Le manque de main-d’œuvre qualifiée, la pression financière et les perspectives conjoncturelles incertaines les inquiètent actuellement. Noëmi Capelli, économiste à la BCBE, et Dominique Iseli, responsable de la Clientèle entreprises à la BCBE, décryptent les résultats du dernier baromètre bernois des PME.

Le baromètre bernois des PME est une enquête représentative lancée conjointement avec l’association faîtière des petites et moyennes entreprises du canton de Berne, gfs-zürich, l'Union du Commerce et de l'Industrie du Canton de Berne (UCI), l’Union patronale bernoise et la Promotion économique du canton de Berne. La quatrième édition a été menée du 18 septembre 2023 au 9 octobre 2023 auprès de 1026 entreprise, soit quasiment le double par rapport à la troisième édition.

Le baromètre des PME montre la position des entreprises dans le contexte actuel, l’évolution de la situation et les perspectives pour les mois à venir. Les résultats sont mis en regard de ceux de 2020 et de ceux de 2022; ils sont publiés sur le site kmu-barometer.gfs-zh.ch (disponible en allemand uniquement).

Perspectives moroses ou radieuses? Comment les PME bernoises envisagent-elles l’avenir? 

Le moral et la santé des PME est un indicateur précieux en Suisse. En effet, employant moins de 250 collaboratrices et collaborateurs, elles représentent, à l’échelle nationale, plus de 99 % des entreprises et offrent deux tiers des emplois. Nous avons demandé à Noëmi Capelli, économiste à la BCBE, et à Dominique Iseli, responsable de la Clientèle entreprises, comment ils jugent la situation des PME bernoises.

Question générale: y a-t-il un résultat qui vous réjouit particulièrement?

Oui. En 2023, les PME bernoises ont avant tout mobilisé du capital pour leur personnel, un investissement à long terme qui renforce leur compétitivité. Cette année encore, la majeure partie des entreprises (74 %) considèrent qu’elles sont bien voire très bien parées pour l’avenir. Ce pourcentage est toutefois inférieur à celui enregistré ces deux dernières années.

Dominique, est-ce qu’un résultat t’a frappé?

Les questions liées au personnel, et plus particulièrement la pénurie de main-d’œuvre, sont sur toutes les lèvres et reviennent régulièrement dans les discussions. Cependant, je ne m’attendais pas à voir ce sujet hissé au rang des priorités d’investissement des entreprises. Cela montre que les PME sont déterminées et disposées à dégager des ressources financières non négligeables afin de pallier au manque de main-d’œuvre.

La remise de l’entreprise est un thème important à nos yeux. Par rapport aux trois dernières années, les entrepreneurs semblent moins optimistes quant à leur succession. Ce résultat n’est pas très rassurant. En effet, une passation du témoin réussie est cruciale pour l’avenir d’une PME. Il est dès lors plus qu’essentiel d’offrir un conseil approfondi à la clientèle entreprises, ce que fait la BCBE depuis des années déjà.

Il est dès lors plus qu’essentiel d’offrir un conseil approfondi à la clientèle entreprises, ce que fait la BCBE depuis des années déjà.

Dominique Iseli, responsable de la Clientèle entreprises

C’est avant tout le manque de personnel qualifié qui plombe le moral des PME bernoises. Dominique, comment perçois-tu cette pression du côté de la Clientèle entreprises?

Ces dernières années, lorsque les entrepreneurs ou les dirigeants évoquaient leurs difficultés, elles concernaient pour l’essentiel le personnel qualifié, que ce soit son recrutement ou son maintien au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, les collaboratrices et collaborateurs potentiels peuvent négocier leurs conditions de travail, car ils ont le choix. En réaction, les PME font preuve d’esprit d’entreprise et pensent à leur avenir: elles ciblent leurs investissements, qui ne sont pas uniquement de nature financière. Réviser à la hausse les salaires n’est «que» leur quatrième solution. Il est plus important pour elles de renforcer la culture d’entreprise (sentiment d’appartenance p. ex.) et d’offrir une plus grande flexibilité (horaires de travail ou conciliation vie privée/vie professionnelle p. ex.).

La pression financière et le contexte économique sont également des sources de préoccupation. Noëmi, comment évalues-tu la situation? Quels conseils donnes-tu aux PME?

À la lecture des résultats de l’enquête, il ressort que l’activité économique en Suisse a fortement ralenti en 2023, ce qui s’explique avant tout par l’augmentation des coûts d’achat et de production ainsi que la baisse des bénéfices et du chiffre d’affaires. La hausse des taux rend les entreprises moins enclines à investir. Une chose est cependant réjouissante: les PME n’envisagent, pour l’heure, pas du tout à contracter un crédit, un signe qu’elles disposent encore de liquidités suffisantes et que les crédits nécessaires seraient facilement alloués. En outre, les perspectives conjoncturelles des entreprises ne devraient pas s’assombrir outre mesure au cours des prochains mois, ce qui corrobore nos prévisions. Nous ne nous attendons pas à un recul sensible de l’économie en Suisse, mais tablons sur une croissance de l’ordre de 1,5% en 2024. L’industrie devrait de nouveau être plus vigoureuse, après une année 2023 éprouvante. Nous suivons de près l’évolution dans notre espace économique et publions nos prévisions dans nos rapports mensuels et nos rapports trimestriels.

Les perspectives conjoncturelles des entreprises ne devraient pas s’assombrir outre mesure au cours de ces prochains mois, ce qui corrobore nos prévisions.

Noëmi Capelli, économiste à la BCBE

Par rapport à l’enquête précédente, la crise énergétique ne semble plus d’actualité pour les PME. Noëmi, ce sujet a-t-il vraiment été relégué à l’arrière-plan?

C’est vrai, la plupart des entreprises ne s’attendent pas à une pénurie d’énergie au cours des six prochains mois. Les inquiétudes à ce sujet se sont nettement atténuées depuis l’été 2022. Tant que les tensions au Proche-Orient n’embrasent pas toute la zone, il n’y a pas lieu d’escompter des difficultés d’approvisionnement énergétique. Toutefois, la question des prix est toujours là, d’autant plus que la pression financière ne diminue pas pour les PME bernoises. Une nouvelle hausse des tarifs n’est pas exclue en 2024.

Noëmi Capelli, économiste à la BCBE et Dominique Iseli, responsable de la Clientèle entreprises à la BCBE

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