Finances

«Je veux apprendre à gérer mon argent»

Marco Müller* a 21 ans et 30000 francs de dettes. Pourtant, il n’a ni train de vie luxueux ni loisirs coûteux. Découvrez dans ce portrait comment il s’est sorti de cette situation délicate et ce qui le motive à ne pas replonger.

Juché sur sa trottinette électrique, Marco déboule au coin de la rue et nous salue avec un large sourire. «Je suis parti un peu plus tôt du travail, afin d’être à l’heure», annonce-t-il d’un air enjoué. L’attitude positive du jeune homme le rend d’emblée sympathique. Sa ponctualité laisse plutôt penser qu’il maîtrise bien sa vie. Pourtant, il y a encore quelques mois, Marco était dans le pétrin: factures impayées, rappels en pagaille, poursuites menaçantes et montagne de dettes étaient son quotidien.

Gérer son argent...

Différentes causes peuvent être à l’origine de dettes et de problèmes financiers. Pour certains, ce sera un hobby ruineux ou le piège des crédits difficiles à rembourser. Et pour d’autres, simplement l’incapacité à gérer un budget. Marco appartient à cette dernière catégorie et il n’est certainement pas le seul dans ce cas. «Je n’ai tout bonnement jamais appris à gérer mon argent. Et le pire, c’est que je n’avais aucune idée de toutes ces factures que j’aurais dû payer.» Caisse-maladie, honoraires de médecin, factures de téléphone mobile ou encore impôts: il s’est en quelque sorte laissé dépasser par toutes ces prestations et charges obligatoires et par leur mode de règlement mensuel, trimestriel ou annuel. Il n’avait jamais été ni confronté ni sensibilisé à ces thèmes. «Ma mère avait elle-même des problèmes d’argent et de grosses dettes. Elle jetait directement les factures à la poubelle ou n’ouvrait pas le courrier en contenant». Que ce soit dans sa famille, le foyer où il a résidé pendant quatre ans ou à l’école, personne ne lui avait jamais appris à gérer ses finances. 

...Marco l’apprend maintenant

Tout au long de sa formation de cuisinier et par la suite, les dettes de Marco se sont accumulées, lentement mais sûrement. Pour autant, le jeune homme  n’a jamais eu de train de vie extravagant. «Mais au lieu de payer mes factures, je m’achetais de nouveaux vêtements ou je partais en vacances avec ma copine.» Avec à la clé de très désagréables conséquences, comme les menaces de poursuites. Prenant l’exemple de sa mère, il se disait que, d’une certaine façon, tout finirait par s’arranger.
Au final, c’est sa copine et leurs projet d’avenir communs qui l’ont fait réagir: «Nous sommes ensemble depuis six ans. C’est quelqu’un de formidable. J’aimerais avoir quatre enfants et notre propre chez nous. J’aimerais nous offrir une belle vie», explique-t-il avec détermination. Marco a compris qu’il ne pourrait jamais réaliser ce rêve en ployant sous les dettes. Grâce aux services de «Schuldenberatung Bern», qui a soigneusement étudié sa situation avec lui, il a élaboré un budget et un plan de remboursement pour sortir de cette spirale. Il est aujourd’hui sur la bonne voie. «Dans trois ans, j’aurai remboursé mes dettes. J’aurai économisé un peu d’argent, tout en me faisant même un peu plaisir de temps en temps», déclare-t-il fièrement. Son large et franc sourire trahit son soulagement.

Jeunes et aide au désendettement 

En Suisse, un jeune sur cinq rencontre des problèmes financiers ou a des dettes. Cela commence souvent dans les jeunes années, avec une histoire de dette qui pourrait être évitée. Un comportement de compensation qui se traduit par une consommation excessive, la pression d’un groupe ou encore une tendance familiale à mal gérer son argent en sont souvent la cause. La police de la caisse-maladie, par exemple, est émise dès la naissance au nom de l’enfant. Si les parents ne paient pas les primes ou le font de manière irrégulière, les arriérés s’accumulent et c’est l’enfant qui devra s’en acquitter à sa majorité. «Cela signifie que certains jeunes croulent du jour au lendemain sous les dettes», commente Olivia Nyffeler, avocate chez Schuldenberatung Bern. «Lorsque des enfants ou des jeunes rentrent à la maison avec des achats coûteux de vêtements ou autre, il faut aussi s’en inquiéter, être vigilant et poser des questions».

Comment les jeunes concernés et leurs proches peuvent-ils trouver du soutien? «Pour les questions juridiques concernant les rappels ou les paiements, l’assurance de protection juridique ou les services d’aide au désendettement  peuvent être d’une aide précieuse», explique Olivia Nyffeler. Pour les questions d’éducation ou en cas de difficultés à aborder ou à gérer la question des finances, on peut se tourner vers les services de conseil aux familles.

Pour informer ses enfants ou des écoliers sur ce thème, il est conseillé de faire appel aux services de planification du budget  ou à l’initiative Salaire jeunesse .

Apprendre à gérer son budget de manière ludique

La BCBE s’engage elle aussi pour promouvoir les compétences financières de la jeunesse. En collaboration avec 23 autres banques cantonales, elle a lancé le projet FinanceMission, afin d’inciter les jeunes à bien gérer leur argent. Cette offre comprend un jeu numérique sous la forme d’une application gratuite pour ordinateurs et smartphones et un matériel d’accompagnement didactique. Vous trouverez ici plus d’informations sur FinanceMission.

Des manifestations pour les parents et les enseignants

L’engagement de la BCBE pour renforcer les compétences financières des enfants et des jeunes prend aussi la forme de séances d’information spécifiques. En collaboration avec le «Chindernetz Kanton Bern », la banque soutient les événements dédiés aux parents organisés sur le thème du salaire jeunesse. Pour les écoles et les enseignants, elle propose en plus trois modules de formation de 45 minutes chacun sur les thèmes de l’endettement chez les jeunes, le secteur bancaire et l’établissement d’un budget. 

 

Date de publication: 20.11.2020

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